« Le travail de la caméra, comme l'immeuble de l'hôtel, est instable et fragmenté. À chaque prise de vue, nous assistons au passage du temps tandis que la caméra effectue des panoramiques erratiques parmi les ruines. Vues de la plage adjacente, les ruines en béton semblent très statiques, mais de près, la caméra crée une tout autre impression du temps qui passe. Dans la lumière de la fin d'après-midi, on voit les ombres se déplacer rapidement sur le sol fracturé, où scorpions et geckos s'agitent parmi les débris. Le point de vue de la caméra change constamment, comme si elle cherchait quelque chose d'important. Des textures et des détails émergent des teintes pastel virevoltantes de l'ombre et de la lumière. Parfois, des détails architecturaux se matérialisent sur la surface de l'écran, à d'autres moments, les couleurs vives et intransigeantes des graffitis surgissent du chaos, comme pour défier le temps qui passe. (...)
Dans HOTEL, la faillibilité de la vision humaine et la certitude relative du béton sont perçues en tant que parties d'une rivière de couleur et de lumière en constante évolution. La solidité monumentale des ruines en béton est ainsi perçue comme aussi instable et fragile que les vies de ceux qui les ont construites ou de ceux qui, depuis, ont inscrit leur identité sur les murs effondrés.
Bien que nous puissions trouver une consolation dans l'idée que le monde qui nous entoure est pour la plupart du temps stable et que le déroulement de nos réalités personnelles ne subit que des perturbations occasionnelles, il est probablement plus réaliste de réaliser, comme l'a fait Héraclite il y a plus d'un millénaire, que les périodes de stabilité sont en fait inhabituelles et temporaires et que la seule constante est le changement continu. » - Chris Welsby
HOTEL (2021) est un remaniement des séquences tournées pour réaliser MOMENTUM, une vidéo de 37 minutes initialement réalisée en 2015. Lieu : Les ruines de l'hôtel Bahia de Tenicatita, La Manzanilla, Jalisco, Mexique.