« Un poème visuel et sonore magnifique, à la fois intemporel et subtilement en phase avec la ruine de notre époque. » – Nicole Brenez
« Je ne crois pas à la voix-off.
Je suis la chambre d’écho de vies oubliées, d’univers disparus, comme une mélodie qui flotte dans l’air, ou une esquisse de l’au-delà.
Le cimetière juif de Währinger, à Vienne, a ouvert au public en 1784, à une époque de tolérance et de prospérité qui allait bientôt coïncider avec l’avènement de la photographie. Durant la période nazie, ce joyau historique de l’époque Biedermeir allait subir toutes sortes de profanations, et devenir peu à peu une friche en proie aux mauvaises herbes. Toutefois, les passants de l’époque notaient qu’un concert de chants s’en élevait en permanence, comme si ses hauts murs de pierre avaient abrité le paradis des oiseaux. Aujourd’hui, les tombes portent les stigmates d’une inertie et d’une négligence politique prolongées. Privées de l’entretien de plusieurs générations de familles, déplacées ou tuées sous le IIIe Reich, les tombes ont été progressivement détruites par les chutes de branches ou la croissance incontrôlée des racines, et leurs inscriptions peu à peu effacées. SINGING IN OBLIVION mélange des fragments tournés sur place avec des tirages sur pellicule 35mm d’anciens négatifs sur plaque de verre.
Film dédié à tous les réfugiés passés, présents et futurs, ceux qui ont perdu leur vie, leurs proches, leur langue, leur pays, en empathie avec leurs enfants, et avec reconnaissance pour tous ceux dont la compassion est un sanctuaire. » – Eve Heller