Un architecte parle de la ville qu'il a construite. Nous voyageons à travers sa mémoire virtuelle, au sein d'un espace imaginaire et sans bornes. Mémoire d'un lieu, édifices de fiction, et continuation du passé dans les formes urbaines contemporaines… Les idées de l'architecte ne prennent pas de forme particulière, mais elles n'en sont pas moins captivantes. Les choses révèlent une réalité douteuse, mais belle.
Un livre THING a été publié par MER. Paper Kunsthalle dans le cadre de ce travail. Il s'agit du premier livre de la collection 'The art of --scaping'.
Dans certains de ses films précédents, tels que PIXELSPLEEN (dans lequel deux pixels se rencontrent au milieu d'un vaste espace noir) ou SWAN SONG (une variation sur l'idée du dernier chant ou de la dernière danse d'un pixel), Anouk De Clercq travaille sur ce qu'on pourrait appeler la "plus petite unité" qui compose l'image numérique. Dans THING, il ne s'agit plus du pixel, mais du point, et plus précisément des rapports scalaires entre le point et sa multiplication/organisation au sein de l'image et de l'espace numériques. Projeté à très grande échelle, THING est un univers architectural qui révèle sans cesse sa propre virtualité, parce qu'il n'existe que comme une nébuleuse de points au sein de laquelle la caméra, ou plutôt le point de vue, erre.
En effet, la technique utilisée dans THING ne permet pas de parler de caméra, dans la mesure où le film est composé de modélisations 3D d'espaces urbains. Il s'agit plutôt d'un point de vue, d'un regard, ou même d'un corps (qui erre). Une tension est ainsi générée entre l'inventaire mécanique de l'espace et sa perception incarnée. Une tension, ou un entrelacement de deux interfaces sensibles : le scanner, et le corps, sans qu'il soit besoin de dire s'il y a un désir de reproduire le mode de perception sensible du second dans la technologie du premier.